Les marcheurs d’André Aragon : (extraits)

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En 2015 André Aragon a peint une série de tableaux représentant sous des formes sensiblement identiques un marcheur. Toujours de petite dimension et parfois minuscule dans un espace immense qui, sans l’écraser, le dépasse ou le submerge, ce marcheur impose à l’œil quelque chose d’obsédant par la solitude mais aussi par l’obstination qu’il dégage dans un environnement plein d’adversités.

Que disent ces tableaux et que dit ce marcheur de la volonté qui le porte et le maintient en vie ?

Ce qu’il y a d’étrangement beau lorsque André Aragon montre ses carnets d’esquisses tient à tout un cheminement qui, par le dessin et par l’écrit, parvient à l’épure totale de ce qu’il y avait à peindre par le détour d’un travail à la fin évident de penser.

Ayant vu ces carnets comme au quotidien des choses apparentes prises dans le tourbillon d’une forme jamais achevée, je sais la tension qu’il aura fallu pour que cette figure de marcheur s’affiche dans l’entièreté de son être et perce de ses enjambées de géant le tableau qu’il traverse de part en part.

C’est bien cela, en effet, que l’on voit : ce marcheur minuscule, dans certains tableaux il sera représenté par un point, dont le cerveau sans doute est pris en tenaille par une seule obsession : arriver à temps, fait des pas de géant......

 

La bonne nouvelle qu’apporte le messager qu’André Aragon nous montre sur le cadran d’une époque où les semeurs de trouble n’ont plus que des discordes à semer, c’est que l’homme-animal de Lascaux n’est pas mort et qu’il va ressurgir sous « la haute note jaune » des Tournesols de Vincent. La bonne nouvelle c’est que « la petite fille Espérance » veille au grain.

 

Henri Rodier le 25 janvier 2017