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OUIE D'ENCRE

2016 - OUIE - BEAUTE AU FAITE DE L'INSTANT encres de Chine et végétales sur papier osokawa
2016 - OUIE - L'OS DE SA LANGUE, encres de chine,et encres végétales sur papier shilo 60x4
2016 - OUIE - AU SOMMET DUNE MONTAGNE OUVERTE-encres de Chine et végétales sur papier senk

poème de Jean Marie De Crozals

pour André Aragon

 

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Plus elle brûle la mort plus l’encre vit

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Elle allume un feu

Danse, et nue, enivrée, mourra la mort

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Par quelle voie ingénue ?

Dans un jardin délivré de tout soupçon

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N’y a-t-il d’autre lueur que cette étreinte ?

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Oui corps d’encre ouïe

Eternité de midi

Voient ses ouïes

Boivent les nues

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Son sang un ru

L’os de sa langue

Le chuchotis du vent

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Il peint la soif de voir l’invisible

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Plus il buvait à l’encre

Plus il avait soif de l’ivre issue

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Devant lui, derrière

Pas de trace aujourd’hui

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Vide il le cherche

Trouvé il est plein

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Il remonte le seau vide et boit à sa soif

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Une fois il a dit : « je suis la voie de l’eau d’un seau percé »

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Un autre jour il disait : « ma vie est sans fond à la juste profondeur »

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Ce qui lui manque, l’autre moitié du cercle ?

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Avant tout la Beauté meut le regard vers sa mue

Ce par quoi l’on peut voir demeure dans le silence

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Il fait dire à la lumière ce qu’elle ne peut dire

Plus que jamais

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Lové là dans l’essaim d’un corps délesté qui a percuté la brèche

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Affleure ce qui brûle et tisonne l’obscur

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Buée d’or d’une terre initiale

Or béant au faîte de l’instant

Une seule chair avec le souffle

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Où saisir la fin et le commencement –être saisi par cela-, leur mutation commune, c’est parvenir au sans forme (la grande forme), où inspir et expir sont en balance

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Ici le silence trouve sa demeure, ni le vide, ni le néant, sinon son assomption : une joie d’yeux extasiés

L’éclair balbutiant de notre éblouissante cécité

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Le peintre demeure dans l’immense comme juché au sommet d’une montagne ouverte à tous les horizons

Tombées dans le vide il y a ses mains

Il répare l’éternité

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Jean-Marie de Crozals

 

Janvier 2016

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