DANS L’ATELIER

 

laissons dire la pluie si la pluie vient nous conter l’histoire des voyages du vent

 

j’écoute cette histoire qui me rafraîchit

 

cela viendra est déjà passé déjà vu déjà non vu

 

des signes de rien sans histoire sans prétention à la durée

 

traces sur le sable aveu de voir sans voir et de sans voir voir

 

de ne pas saisir plus que le temps du passage

 

rien de plus à dire que le souffle de la respiration l’odeur de l’air de la terre la sensation du corps

 

signes assignés qui résistent à leur assignation

 

j'aime ces traces, traçounettes à peines dites, vies timides déjà fortes, humbles apparitions présentes

 

la matière travaille en sourdine de vastes migrations malaxages transformations fontes et refontes

 

l’invisible travaille dans tous les espaces de l’espace des matières

 

multiples sous-jacentes activités mouvements permanents

 

éléments se cherchent se trouvent s’attirent se repoussent

 

ce qui se fait entre intention et hasard

 

cette rencontre énigmatique de la volonté et du laisser agir

 

comment faire une représentation qui n’en est pas une

 

soit une non représentation mais qui envoie un signal

 

quelque chose où l’on a perdu nos repères mais où aussi on a envie d’aller

 

on est au bord mais de quoi ?

 

comment joue l’eau le liquide à la rencontre d’une autre densité

 

comment joue le pâteux avec le liquide et le sec avec le fluide

 

comment se jouent les rencontres des éléments proches et moins proches jusqu’au plus lointains

 

comment joue l’air avec un geste comment joue un regard avec ce qu’il touche comment ce qui est touché joue

 

murmurer l’encre et non l’hurler au porte voix

 

murmurer l’encre délicatement au creux des yeux accueillants

 

laisser la place à la détente accepter d’être sans réponse sans dette

 

reconnaître la beauté de chaque chose de chaque entité de chaque existence de chaque regard

 

laisser la rêverie couler